« Perdre du poids rapidement » : une promesse séduisante qui alimente chaque année le succès de nombreux régimes amaigrissants. Pourtant, derrière les slogans « minceur garantie » ou « résultats en 10 jours », se cachent souvent des risques importants pour la santé physique et psychologique. Comprendre les dangers est essentiel avant d’entreprendre toute démarche de perte de poids.
Qu’est-ce qu’un régime amaigrissant ?
Un régime amaigrissant consiste à modifier son alimentation dans le but de réduire son poids corporel, souvent en diminuant fortement ses apports caloriques. Il peut prendre plusieurs formes : régime hyperprotéiné, cétogène, détox, sans glucides, jeunes intermittents, etc. Si certains encadrements médicaux peuvent être bénéfiques, la majorité des régimes diffusés sur internet reposent sur des principes déséquilibrés, parfois dangereux.
Les risques physiques des régimes restrictifs
- Les carences nutritionnelles : en supprimant certains groupes d’aliments (glucides, lipides, fruits, etc) l’organisme se prive des vitamines, minéraux et fibres essentiels. Ces manques peuvent entraîner fatigue, chute de cheveux, fragilisation des ongles ou baisse du système immunitaire.
- Fonte musculaire et ralentissement du métabolisme : lorsque l’apport calorique devient trop faible, le corps puise dans la masse musculaire pour pouvoir produire de l’énergie. Résultat : perte de masse musculaire et métabolisme ralenti, rendant la reprise de poids beaucoup plus difficile.
- Effet yo-yo : vous avez sûrement déjà entendu parler du fameux effet « yo-yo », celui qui mène à retrouver un poids plus important qu’au début du régime. Ce phénomène est dû à la fois au ralentissement du métabolisme, mais aussi à la frustration accumulée qui peut conduire à des compulsions alimentaires.
- Troubles digestifs et hormonaux : les régimes répétés perturbent le microbiote intestinal et peuvent mener à un dérèglement hormonal (notamment les hormones de la faim et de la satiété : respectivement la leptine et la ghréline), rendant la perte de poids encore plus difficile.
Les conséquences psychologiques
Les conséquences sont bien plus profondes, elles atteignent parfois la santé mentale, pouvant entraîner de gros désordres, et cela durant des années…
- Culpabilité et perte de confiance en soi : l’échec fréquent des régimes conduit à un sentiment de frustration et d’échec personnel. « Si je n’arrive pas à perdre au moins 10kg je ne pourrai jamais faire ce sport qui me plaît », voilà ce que j’entends très régulièrement en consultation de la part de patientes qui se sont battues toute leur vie pour perdre du poids, en essayant les derniers régimes à la mode, pour au final observer une augmentation de leur poids corporel chaque année. Pour beaucoup aujourd’hui (peu importe les âges), la valeur réside dans le poids de chaque individu, l’éloignant ainsi des vrais objectifs de vie : se sentir bien dans sa peau et dans sa tête.
- Rapport malin à la nourriture : en catégorisant les aliments comme « bons » ou « mauvais », on développe une peur de manger et un contrôle excessif de l’alimentation. Encore très peu classé parmi les « troubles du comportement alimentaire (TCA) », l’orthorexie en fait pourtant partie, ce trouble se définit par une préoccupation excessive, voire une obsession, de manger des aliments « sains » ainsi que des règles alimentaires très strictes.
- Risques de développer des TCA : anorexie, boulimie, hyperphagie… Selon l’INSERM, en 2025, plus d’un million de personnes sont touchées par les TCA, tous âgés confondus. Et ces chiffres ne sont qu’en augmentation, principalement chez les adolescent(e)s et les jeunes adultes. L’attention doit donc être toute particulière sur la consommation des réseaux sociaux chez les jeunes aujourd’hui.
Rééquilibrer son alimentation avec bienveillance
Rééquilibrer son alimentation ne signifie en aucun cas se priver, mais simplement retrouver une relation apaisée et durable avec la nourriture. Il s’agit d’apprendre à nourrir son corps plutôt que de le contraindre. Voici mes quelques conseils pour tenter de s’en approcher d’une manière bienveillante et en toute conscience :
- Faire confiance à ses sensations corporelles : les 3 piliers les plus importants selon moi sont la faim, le rassasiement et le plaisir. J’aime utiliser des repères quantitatifs d’une échelle de 0/5 à 5/5. Au début du repas : « note ta faim entre 0 et 5 », à la fin du repas : « note ton rassasiement de 0 à 5 » et tout au long du repas : « note ton plaisir de 0 à 5 ». Manger lentement et sans distraction permet de se concentrer davantage sur son repas et ainsi de répondre au mieux aux signaux de son corps.
- Déculpabiliser les aliments : la phrase que je répète le plus en consultation est probablement : « aucun aliment n’a le pouvoir de vous faire prendre ou perdre du poids ». Une alimentation équilibrée inclut aussi bien des légumes qu’une glace en dessert. La modération et la variété sont les meilleurs alliés du bien-être.
- Favoriser la qualité plutôt que la quantité : privilégiez des aliments bruts, peu transformés, riches en nutriments : fruits, légumes, légumineuses, céréales complètes, bonnes graisses, sources de protéines variées.
- Prendre soin de son rythme de vie : que ce soit le sommeil, l’hydratation, la gestion de son stress ou encore la pratique d’une activité physique, tous ces facteurs ont un impact direct sur l’équilibre alimentaire. Il est inutile de chercher la perfection : chaque petit pas compte.
- S’entourer de bienveillance : que ce soit votre famille, vos amis ou encore un professionnel de santé (médecin, psychologue, diététicien(ne)), c’est important de se sentir en confiance lorsque vous abordez un sujet aussi complexe et intime que l’alimentation. Tout le monde mange depuis toujours, et tout le monde pense avoir les solutions qui pourront vous aider, mais l’alimentation est un sujet très vaste qui demande des adaptations personnelles. Et vous méritez une prise en charge de qualité !